La gestion des déchets à Madagascar

Madagascar est un pays pauvre, qui peine toujours à se développer. En 2017, 92% de la population était toujours frappée de pauvreté ; seuls douze millions de personnes, soit moins de la moitié du pays, avait accès à l’eau potable, et seuls 15% de la population a accès à l’électricité, un chiffre qui n’a pratiquement pas augmenté en une décennie. Dans le même temps, Madagascar connaît un accroissement démographique plutôt soutenu, d’environ 3% par an. La combinaison de ces facteurs, ainsi que le manque de moyens gouvernementaux, rendent difficile l’action des pouvoirs publics, notamment en termes de gestion des déchets.

Les problèmes posés par les déchets

Si, dans de nombreux pays, c’est le recyclage des déchets qui pose aujourd’hui un défi, Madagascar n’en est pas encore à cette étape. En effet, la plupart des déchets ne sont aujourd’hui même pas collectés de manière nationale. En un an, la capitale Antananarivo produit environ 250 000 tonnes de déchets, qui ne sont pas, pour la grande majorité, collectés ni traités convenablement. Cela donne lieu à des dépôts sauvages, le plus souvent à proximité des lieux de vie des populations locales, que ce soit en ville ou en pleine nature. Les risques sanitaires sont nombreux et peuvent avoir des conséquences dramatiques. Les décharges sauvages, peu voire pas contrôlées, favorisent l’apparition de maladies qui se transmettent via humains et animaux ; certaines infections comme le choléra sévissent toujours et font un grand nombre de victimes. De plus, ces déchets non-traités s’infiltrent dans les sols et les cours d’eau, polluant ainsi une zone bien plus vaste que celle des décharges en elles-mêmes.

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La décharge d’Andralanitra

A titre d’exemple, la décharge d’Andralanitra est l’une des principales de la capitale, Antananarivo ; elle remonte aux années soixante et n’a cessé de croître depuis, posant de graves problèmes de saturation et d’hygiène. Elle atteint aujourd’hui 18 hectares, aux portes de la ville. Des associations, parfois en partenariat avec des entreprises, tentent d’apporter des solutions. Certains organismes s’attaquent aux décharges en elles-mêmes : ainsi, la décharge d’Andralanitra a fait l’objet d’une tentative de réorganisation après l’échec de sa fermeture en 2012. L’un des principaux défis que relève ce genre d’actions, outre les évidents risques sanitaires, concerne la réhabilitation de centaines d’individus dont l’activité et la source de revenus principales sont la récupération de déchets en décharge.

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Les solutions

Pour répondre à ce problème, des associations tentent d’introduire et de démocratiser la notion de compostage des déchets ; ce concept a de nombreux avantages écologiques comme économiques. En effet, le compostage permet de réduire le volume des déchets produits en les transformant en terreau (70% des déchets produits par la capitale pourraient être évités) mais également de créer des emplois en fournissant une activité rémunératrice aux anciens chiffonniers. 

Enfin, des associations locales, souvent à l’initiative d’habitants, tentent d’agir à leur niveau en transformant des déchets du quotidien en accessoires utiles tels que des sacs et des chaussures, et en formant la population à leur transformation.

Une fois de plus, les conditions économiques sont au cœur de ce sujet de société. Les pouvoirs publics semblent cependant avoir conscience du problème : en 2017, une journée avait été nationalement chômée à l’initiative du gouvernement pour entreprendre une action collective de nettoyage des rues.